International Forum of Catholic Alumni Associations -
Rome - 7-8 November 2024 -
Intervention de Laurent GREGOIRE, président d’honneur de la COFAEC, secrétaire général et délégué auprès du Conseil de l’Europe de l’UNAEC-Europe et trésorier adjoint et délégué auprès de l’UNESCO de l’OMAEC
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Je souhaite aborder deux sujets :
Tout d’abord l’histoire de la COFAEC en essayant d’en tirer des enseignements qui peuvent concerner les autres fédérations nationales mais aussi les fédérations au sein d’une congrégation.
Et, ensuite, des réflexions sur le rôle de nos organisations d’anciens élèves au niveau des Institutions politiques internationales d’une part, et auprès du Vatican, d’autre part.
Première partie :
L’épopée de la COFAEC
En France, les premières associations d’anciens élèves d’écoles catholiques furent créées au milieu du 19° siècle. Au début du20° siècle, il existait déjà plus d’une centaine d’associations.
La COFAEC, Confédération française des associations amicales d’anciens et anciennes élèves des écoles catholiques est, à notre connaissance, la plus ancienne fédération nationale d’anciens élèves. En effet, elle fut créée le 13 avril 1904, donc il y a 120 ans, lors d’un congrès tenu à Paris. 115 associations étaient représentées, en majorité liées à des écoles lassalliennes. Cette création fut soutenue par les évêques de France car le nouveau gouvernement français préparait l’interdiction faite aux congrégations religieuses de s’occuper d’enseignement. Cette interdiction ne fut levée qu’après la première guerre mondiale. Durant plus de 10 ans, ce furent souvent les responsables des anciens élèves qui ont dirigé leurs anciennes écoles, en devant parfois racheter les bâtiments confisqués par le gouvernement.
Entre les deux guerres mondiales, une priorité de la COFAEC fut de développer le nombre d’associations d’anciens élèves d’écoles catholiques en France. En 1936, le recensement effectué par la COFAEC indiquait qu’il existait 1.772 associations, la moitié d’écoles de garçons et la moitié d’écoles féminines. À l’époque, il n’existait pas d’écoles mixtes !
Durant les années 1950, la COFAEC et l’APEL, l’association française des parents d’élèves des écoles catholiques qui était en train de se développer, ont organisé des congrès communs, parfois avec plus de 30.000 personnes !
Lorsque la Conférence française des évêques a créé le Comité national de l’enseignement catholique pour regrouper, plusieurs fois par an, les responsables de l’enseignement catholique, l’importance des associations d’anciens élèves a été reconnue et il a été décidé que le président de la COFAEC serait membre de ce Comité. C’est toujours le cas aujourd’hui.
En mai 1984, François Mitterrand, alors président de la République française, prévoit de supprimer en France les écoles privées dont les écoles catholiques. Avec le soutien, notamment financier, des anciens élèves et de la COFAEC, le mouvement des parents d’élèves organise d’immenses manifestations, plus de 3 millions de personnes à Paris, et le gouvernement abandonne finalement le projet de nationalisation.
À partir des années 1980 – et cela continue aujourd’hui - les responsables de la COFAEC s’investissent beaucoup dans les structures internationales des anciens élèves d’écoles catholiques. Bien sûr l’OMAEC, en accueillant pendant plus de 20ans son secrétariat général dans nos bureaux à Paris, en présidant l’OMAEC pendant 6 ans en la personne de Michel Lesueur et en assurant la représentation de l’OMAEC à l’UNESCO ;et enfin pour l’UNAEC-Europe fondé par Michel Staquet.
En 1985, la COFAEC fait faire un sondage national par un institutspécialisé : il révèle que 50% des Français ont fait aumoins une partie de leurs scolarité dans une école catholique. Lesassociations d’anciens élèves des écoles catholiques françaisespourraient donc regrouper en théorie près de 35 millions depersonnes !...
En 2021, nous avons mené un recensement quasiment exhaustif des associations d’anciens élèves des écoles catholiques françaises. Ce recensement a été effectué avec 2 sources : les informations que possédait la COFAEC et la consultation du Web.
Sur les 1825 établissements étudiés, 1356 ont une association d’anciens élèves répertoriée, soit 74%. Parmi elles, on peut estimer qu’environ 600 associations sont vraiment actives. Elles concernent majoritairement les écoles qui vont jusqu’au baccalauréat.
Une spécificité de la France porte sur le fait que les écoles congréganistes sont minoritaires : elles représentent 30% de toutes les écoles catholiques et ceci avec un grand nombre de congrégations : plus d’une centaine ! La majorité des écoles(70%) sont sous la tutelle des évêques.
Enfin, un dernier point sur la communication : actuellement, le principal lien entre la COFAEC et les centaines d’associations qu’elle regroupe est une lettre mensuelle envoyée par mail et qui est aussi disponible sur notre site Web. Cette lettre inclut notamment la Newsletter mensuelle éditée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique français.
En conclusion de cette première partie, je souhaite suggérer 4 propositions qui sont principalement pour les fédérations nationales d’anciens élèves mais qui peuvent aussi inspirer les fédérations congréganistes mondiales ou continentales :
Premièrement : Informer régulièrement les responsables des associations d’anciens élèves de ce qui se passe au niveau de l’enseignement catholique (local et mondial) et au niveau de sa congrégation si son ancienne école est congréganiste.
Deuxièmement : Présenter régulièrement aux responsables des associations d’anciens élèves des « best practices »dans la gestion d’une association, dans les relations avec les responsables de l’école, dans l’animation de l’association,etc.
Troisièmement : Suggérer que toute association d’anciens élèves de l’enseignement catholique développe une activité au service des plus défavorisés : d’une part, bien sûr, auprès d’anciens élèves qui ont des difficultés (financières, d’emploi, etc.) mais aussi auprès d’écoles d’autres pays qui auraient de graves difficultés, notamment en Afrique, au Proche et Moyen-Orient ou dans des pays en guerre, comme l’Ukraine actuellement. Cette suggestion ne vaut pas seulement pour les associations d’anciens élèves liés à un établissement mais elle vaut aussi pour toutes les fédérations d’anciens élèves, notamment toutes celles présentes à ce colloque.
Nous ne sommes pas là pour nos anciens élèves qui se portent bien mais d’abord, en priorité, pour ceux qui ont besoin de nous et pas seulement dans notre pays ou notre continent !
Quatrièmement, enfin, expliquer régulièrement des éléments de la Doctrine de l’Église, d’abord parce qu’elle n’est pas suffisamment connue, même parmi nos anciens élèves, mais aussi parce qu’elle s’enrichit régulièrement, et notamment ces dernières années avec les encycliques du Pape François.
Deuxième partie :
L’épopée de nos organisations d’anciens élèves au sein des Institutions politiques internationales depuis une quarantaine d’années
Nos organisations nationales, continentales ou mondiales d’anciens élèves d’écoles catholiques peuvent être reconnues comme des OING, Organisations internationales non gouvernementales, et, à ce titre, agir auprès des Institutions qui reconnaissent le statutd’OING.
Pourquoi être présent dans ces Institutions ?
Principalement pour défendre la liberté de l’enseignement dans tous les pays de la planète, mais aussi pour favoriser des prises de décisions de ces Institutions qui soient compatibles avec la Doctrine sociale de l’Église.
Je vais brièvement indiquer où nous sommes présents actuellement, à savoir dans 3 lieux principaux : les institutions internationales, les institutions continentales, et finalement au Vatican.
Quelle est notre présence dans les institutions internationales ?
Aujourd’hui, il s’agit principalement de l’ONU et de ces différentes structures, notamment à New-York, à Genève, à Paris et à Rome. L’OMAEC n’est réellement présente actuellement qu’à Paris, à l’UNESCO.
Nous recherchons des anciens élèves qui pourraient nous représenter à Genève (Nous y avions par le passé une représentante), mais aussi à New York et à Rome (FAO).
Quelle est notre présence dans les institutions continentales ?
Diverses institutions continentales existent dans plusieurs continents, notamment en Amérique du Sud, en Afrique ou en Orient.Les plus avancées concernent l’Europe : l’Union européenne et le Conseil de l’Europe.
Malheureusement, l’Union européenne n’a pas institué un statut d’OING ; il n’existe donc pas de regroupement d’OING reconnues par l’Union européenne.
En revanche, le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, décerne un statut d’OING. C’est le cas de l’UNAEC-Europe depuis 40 ans. Actuellement, je la représente, en particulier dans les 2 réunions annuelles des OING et dans certains des comités thématiques, dont celui sur les personnes migrantes. L’UNAEC-Europe a organisé, ces dernières années, au Conseil de l’Europe 3 colloques successifs, son président ; Giuseppe Mariano, l’évoquera après moi.
Dernière partie : au niveau du Vatican :
Jusqu’il a une douzaine d’années, les OIC, Organisations Internationales Catholiques, avaient un statut auprès du Vatican. C’était le cas de l’OMAEC qui avait une représentante, Feddy Germani, qui nous représentait dans leurs réunions.
Puis le Vatican a décidé de ne regrouper que des « associations de fidèles laïcs », c’est-à-dire des associations ne regroupant que des chrétiens baptisés. Or nos associations d’anciens élèves comportent des élèves non catholiques et non baptisés. L’OMAEC n’est pas une association de fidèles laïcs.
Cependant, se sont développées des plateformes d’OING « d’inspiration catholique » ayant un statut dans les institutions internationales où les OING sont reconnues. C’est le cas de la FAO à Rome, de l’ONU à Genève, de l’UNESCO à Paris, et du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Participent à ces plateformes les Observateurs permanents du Vatican auprès de ces institutions internationales : Mgr Soviguidi à l’UNESCO, Mgr Balestrero à Genève et Mgr Ganci à Strasbourg.
À Paris, pour l’UNESCO, la plateforme des OING d’inspiration catholique qui s’appelle le CCIC a été récemment présidée pendant 6 ans par la représentante de l’OMAEC. Et, en remontant dans le temps, il est bon de rappeler qu’en 1994, alors année internationale de la famille, c’est la représentante de l’OMAEC à l’UNESCO, Marie-Michèle Le Bret, qui présida les travaux des ONG de l’UNESCO sur la famille et qui présenta devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York le résultat de ces travaux !
Enfin, depuis quelques années, s’est développé un « Forum international des OINGs d’inspiration catholique » qui regroupent ces 4 plateformes d’OING d’inspiration catholique : celles de Genève, de Rome, de Paris et de Strasbourg. J’y représente l’OMAEC. Sont en cours de création deux autres plateformes : l’une à New York pour l’ONU et une autre à Bruxelles pour l’Union européenne. Ce forum international se réunit à Rome tous les 2 ou 3 ans. La prochaine réunion se tiendra à Rome en novembre 2025.
Quel est notre rôle, comme représentant des anciens élèves des écoles catholiques, dans ces Institutions et forums ? D’abord, en lien étroit avec l’OIEC, nous œuvrons pour la liberté de l’enseignement dans tous les pays de notre planète. Et nous soutenons toutes les associations d’inspiration catholique qui, au-delà, de l’éducation, œuvrent pour que s’applique davantage la doctrine sociale de l’Église.
En conclusion, je fais un appel à tous les responsables des fédérations congréganistes ou des fédérations nationales d’anciens élèves d’écoles catholiques de rechercher si, parmi leurs membres, certains ou certaines ne seraient pas intéressés à participer à nos représentations dans les différentes organisations internationales que j’ai brièvement évoquées. Qu’il n’hésite pas à me contacter !
Je félicite vivement les organisateurs de cette rencontre, je les remercie de m’y avoir invité et je remercie chacun d’entre vous pour votre écoute bienveillante.